Paul et Marc ou la complicité dans le regard
- on décembre 17, 2017
« Moi c’est Paul », dit le garçon assis à droite. « Et moi Marc », précise celui de gauche. Changement de salle. Paul et Marc échangent un regard complice : ils changent alors de place… et de prénoms. Devant la confusion grandissante, Père Georges de l’école maronite de Baalbeck, intervient et donne à chaque enfant le prénom qui lui convient. Paul est maintenant à gauche et Marc à droite !
Paul et Marc sont dans la même classe, en CM2. La complicité règne entre ces deux compères assis l’un en face de l’autre dans une petite salle de réunion de cette école de la Békaa. Le français de Marc est plus hésitant que celui de Paul. Ce dernier n’hésite alors pas à rectifier son camarade, voire à lui traduire les questions en arabe afin qu’il puisse y répondre plus facilement. Aucune gêne ne se fait sentir. Amis à l’école, Paul et Marc aimeraient avoir la possibilité de se voir après la classe. « Mais on habite un peu trop loin l’un de l’autre », explique Marc, qui vit à Deir el-Amar, alors que Paul habite à Bechouat. N’ayant classe que le matin jusqu’à 14h, Paul, une fois à la maison, passe une bonne partie de son temps à jouer avec sa sœur, Johanna, 7 ans. Marc, lui, a deux frères : Karam, âgé de 14 ans et Kévin, deux ans.
Pour les trajets entre l’établissement scolaire et la maison, ces deux jeunes garçons prennent le même autocar, « celui du père de Marc », précise fièrement Paul. Conduire le bus scolaire rapporte moins de 200 euros par mois à Bernard le père de Marc. En guise de revenus complémentaires, il cultive également la terre et travaille le bois, pendant que les parents de Paul, eux, vivent de la culture du tabac. Une culture aux revenus importants mais pas réguliers leur offrant un salaire mensuel estimé à quelque 100 euros, alors que les frais de scolarité flirtent avec les 350 euros l’année. A ses heures perdues, Hanna, le père de Paul, est artisan.
A l’école, ce sont les mathématiques que Paul préfère. Marc, lui, apprécie le français, même s’il trouve cela difficile. Pour l’avenir, il rêve de devenir pilote de ligne, « pour voyager et faire voyager les gens », explique-t-il. Paul, lui, « aime bien le métier de maçon ». « Je voudrais construire des maisons dans la Békaa pour les gens qui n’en ont pas », assure-t-il affichant un immense sourire. C’est avec des rêves pleins les yeux que les deux jeunes garçons rejoignent leurs camarades en cours de mathématiques.